Imaginez un ordinateur qui ne prendrait en compte que certaines données et en refuserait d’autres parce qu’elles ne lui plairaient pas ou ne lui conviendraient pas et traiterait celles qu’il a décidé de traiter de façon incorrecte.

Vous rentrez sur un tableur quatre chiffres : 4, 7, 8 et 9, afin d’obtenir une moyenne, et vous voyez affiché sur l’écran : « l’ordinateur ne tient pas compte du chiffre 8.

De plus, la moyenne obtenue de 5 (alors qu’elle est en réalité de 7) ne plaît pas à l’ordinateur qui décide que le résultat est 4 ». Délirant !

Et pourtant, nous n’en sommes pas loin dans nos prises de décisions car l’être humain est bien un Super ordinateur le plus sophistiqué qu’on puisse imaginer et qu’aucune Intelligence Artificielle ne pourra égaler.

Nous percevons le monde différemment.

Ce monde, c’est le terrain, le sol sur lequel nous nous appuyons. Il n’est en lui-même ni bon ni mauvais. Il est ce qu’il est, que nous le voulions ou non, et si nous voulons prendre des décisions appropriées, nous devons en tenir compte en le considérant tel quel.

Ce terrain comprend d’abord nous-mêmes en tant que sujet humain de perception, mais aussi autrui en tant qu’objet mais aussi sujet humain de perception et enfin la situation en tant qu’objet factuel de perception : données objectives, temps, contexte…Moi, autrui et la situation.

Notre perception de ce terrain est un recueil d’informations qui passe, selon Jung, d’une façon sélective plutôt par le canal de nos cinq sens (Sensation) ou une sorte de sixième sens (couramment appelé Intuition).

Il devrait aussi prendre en compte nous-mêmes, autrui et la situation dans leur totalité (voir article « Le monde change… le management aussi »).

En informatique, on parle de saisie des données ou de input. Le langage courant est évocateur : on dit d’une situation qu’elle sent le roussi (odorat), qu’elle nous laisse un goût amer (goût), on dit d’une personne qu’on ne peut pas la voir en peinture (vue)…

Première étape : nous risquons de percevoir d’abord nous-même, autrui et la situation d’une façon sélective et plutôt par nos cinq sens (Sensation) ou plutôt par un sixième sens (Intuition) d’une façon aussi sélective, aux dépens l’une de l’autre.

Nous analysons puis traitons ensuite ces informations en faisant appel à notre vécu, notre expérience, notre savoir, mais en étant plus ou moins victimes des effets pervers de la généralisation, de la sélection et de la distorsion (voir article suivant : « La subjectivité »). En informatique, on l’appelle traitement des données.

Deuxième étape : Nous risquons de traiter de façon plus ou moins appropriée les informations issues de nos perceptions plus ou moins subjectives.

Puis nous décidons en nous appuyant sur le traitement, que nous considérons comme juste, de nos perceptions, que nous considérons comme étant les bonnes perceptions.

Cette décision devrait également intégrer soi-même, autrui et la situation. En informatique, on parle de restitution du traitement de ces données ou de output.

Et là encore, nous privilégions, toujours selon Jung, plutôt la Pensée rationnelle (raisonnement) ou plutôt le Sentiment affectif (résonance) en oubliant que « le cœur (affectif) a ses raisons (motivations) que la raison (logique rationnelle) ne connaît pas » (Pascal).

La raison s’exprime en termes binaires (vrai ou faux) et mesurables, notamment en pourcentages (un chiffre d’affaires en progression de 24.6 %, des objectifs atteints à 98.4 %…).

Les raisons du coeur s’expriment en termes affectifs non mesurables. On ne peut pas, en effet, mesurer le degré de confiance ou d’estime que nous accordons à une personne.

Troisième étape : Nous décidons ensuite en fonction de nous-mêmes, d’autrui et de la situation du moment en risquant de sélectionner une ou deux de ces trois composantes et en risquant de privilégier, soit la raison (Pensée), soit l’affectif (Sentiment), aux dépens l’un de l’autre.

Afin d’illustrer ce processus, je vous propose de visionner, si vous ne l’avez pas déjà vu, le film, remarquable pour moi, « Douze hommes en colère » développant comment notre imaginaire subjectif, notamment affectif, interfère avec la réalité des faits objectifs dans celui-ci.

Il relate comment douze jurés, qu’on peut Coloriser et Valoriser selon les Couleurs et les Valeurs de la Méthode originelle des Couleurs Arc En Ciel AEC DISC, doivent délibérer sur le sort d’un adolescent que tout accuse d’avoir tué son père.

L’affaire devrait donc être réglée en cinq minutes, le temps d’un vote à l’unanimité. En effet, la règle stricte est que s’il y a un seul doute valable, l’accusé ne peut pas être condamné.

Seulement il y a juste une toute petite zone d’ombre dans le dossier qui pousse un des jurés à demander une clarification, les onze autres ayant voté « coupable ».

Des débats, argumentations, contre-argumentations suivis d’autres votes ont lieu successivement.

Et progressivement, les éléments d’accusation fondent les uns après les autres, malgré les résistances des jurés.

Les deux témoignages sur lesquels reposaient fortement l’accusation se révèlent également fragiles et incertains.

Dix jurés changent progressivement et successivement leur vote.

Le dernier juré qui maintient furieusement la version du meurtre cède dans une crise de désespoir poignante au cours de laquelle il laisse éclater sa colère envers son propre fils sur lequel il projetait l’adolescent accusé. Ce fils l’avait frappé, étant adolescent, puis avait quitté le domicile familial depuis deux ans sans donner de ses nouvelles. L’épisode se termine par une décision unanime d’acquittement.

On peut encore prendre l’exemple des témoignages lors d’un accident, tellement contradictoires, même s’ils émanent de personnes apparemment fiables.

Mon prochain article étudiera les composantes de la subjectivité liée à non appropriation qui se manifeste dans trois domaines que sont la sélection, la généralisation et la distorsion qui nous sont pourtant nécessaires quand elles sont bien utilisées.